Qui ne dit mot consent – Alma Brami : apnéique, brutal mais nécessaire

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Titre : Qui ne dit mot consent

Auteur : Alma Brami

Éditeur : Mercure de France

Collection : Bleue

Date de parution : Août 2017

Nombre de pages :  164 pages

Prix : 16,80€

Résumé : Émilie a suivi son mari à la campagne quand les enfants étaient encore petits, depuis ils ont grandi et quitté la maison. Dehors, il y a une vigne qui donne des raisins, il y a aussi une table en bois, des chaises, un banc, pour les petits déjeuners copieux, il y a des tommettes rouges dans le salon, un grand escalier qui mène à l’étage, et à l’étage, une chambre d’amis.
Chaque famille a ses secrets.
Que se passe-t-il dans cette maison au bout de la route du grand chêne?

Mon mari me rapportait ses proies, comme un chat victorieux qui dépose aux pieds de son maître un oiseau, un lézard ou un mulot.

Nous plongeons là dans les méandres de la violence conjugale dans ce qu’elle a de plus vicieuse, puisque ce n’est pas une violence physique. Ce n’est pas de la violence « ordinaire » comme des coups ou des insultes. Non cela va plus loin, c’est une emprise. Une emprise à coup de « mon coeur » et de douceur. Mais une emprise malsaine dans une vie triste et sans couleur ou tout tourne autour de l’autre. Enfin que dans un seul sens. Puisque le mari d’Emilie, lui ne se prive pas. Il va bien plus loin que de la tromper, puisqu’il emmène ses conquêtes chez eux, elles vivent avec eux comme un membre de la famille pendant des mois jusqu’à ce qu’il se lasse et en ramène une différente. Bernard dort même avec sa conquête du moment et non avec sa femme.

L’histoire nous est raconté du point de vue d’Emilie, et c’est d’autant plus déroutant et oppressant. Nous voyons à quel point Bernard l’a conditionné, puisqu’elle n’est que très rarement en colère contre lui mais plus contre ses conquêtes, qu’elle méprise (vous me direz, il y a de quoi !), qu’elle jalouse aussi mais surtout qu’elle défie. Pour leur dire : « C’est mon mari, je resterai et vous non. Je suis constante, vous n’êtes que de passage. » Je trouve cela d’autant plus triste de voir à quel point son emprise l’a poussé à dépendre de lui. Totalement, corps et âme, puisqu’elle n’a même pas la liberté de ses mouvements n’ayant pas le permis et vivant au fin fond de nulle part (a votre avis qui a eu cette idée de génie ?). Donc elle reste à la maison, à s’occuper de ses enfants.

Ça avait commencé quand les enfants étaient petits. Il avait besoin d’air, la ville l’angoissait. « Le travail chérie, tu sais ce que c’est le travail ? J’ai besoin de rentrer chez moi, et de me ressourcer tu comprends ? » Il avait bien fallu que je comprenne quand il avait mis en vente notre appartement pour acheter cette maison. « On sera bien, il répétait, tu veux avoir un mari détendu, heureux, disponible ? » Bien sûr que je voulais. Il ferait des allers-retours et on profiterait en famille le plus possible, ce serait merveilleux. Il m’avait dit chérie, j’attends de toi que tu me soutiennes, c’est pas facile pour moi non plus, tu sais. J’avais répondu je sais.

Un roman qui se lit avec le souffle court, où l’on voudrait passer à travers les pages du livre pour lui dire : Sauve toi ! Pars, bouge-toi et ne reviens pas ! Parce qu’elle le défend, ne veut pas avouer que ce qu’elle subit n’est pas normal.

Ce livre est nécessaire pour faire comprendre aux gens que la violence n’est pas que physique, elle peut être aussi moral ou même juste suggéré sans pour autant que la personne n’en porte des traces qui se voient. Mais il y en a toujours et elles sont souvent très profondes.

 

3 réflexions sur “Qui ne dit mot consent – Alma Brami : apnéique, brutal mais nécessaire

      • Bonjour,
        Je ne sais par quel autre biais vous contacter alors je vous écris sous cette belle critique de mon roman.
        Je souhaite vous faire part du monologue L’ombre joué à Avignon au théâtre de l’Observance. J’ai beau avoir écrit le texte, je n’imaginais pas éprouver un tel choc. La comédienne est prodigieuse et la mise en scène renversante. Les gens crient bravo, merci et ressortent en larmes, remués, bouleversés. Si vous avez l’occasion d’y aller, je serais heureuse de lire vos impressions!
        A bientôt,
        Alma

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